Errant dans le désert avec les trois comparses survivants de sa patrouille décimée, un soldat tente d’échapper à la mort. À la faim tenaillante, s’ajoute la soif, car le point d’eau croupie auprès duquel ils ont trouvé refuge vient d’être occupé par des ennemis… Ailleurs, un homme, largué par sa femme, se retrouve attaché à sa petite fille par un cordon ombilical qu’il hésite à trancher de peur de la perdre. Dans ce deuxième roman aussi court que le précédent (La Terre sous les ongles, NB avril 2015), l’auteur s’enfonce dans un pessimisme radical et peint la vie sous ses aspects les plus sombres. Ses deux héros (sont-ils amis, frères ou une seule et même personne ?) suent le malheur, la déprime et la malédiction. Les rares autres personnages sont des estropiés, des migrants, des vieillards baveux ou des clochards croupissant dans leur vomi. Le style travaillé colle à la pensée, l’écriture est charnelle, violente, coupante comme le tranchant du couteau que tient le soldat dans la dernière scène. Une fable forte, dénuée de tout espoir. (L.K. et N.C.D.)
La peau, l’écorce
CIVICO Alexandre