Dans son village, Ernestina prépare une fête de famille, espère la venue de sa petite-fille dont c’est l’anniversaire, et se souvient. Vingt ans auparavant, son fils et sa belle-fille, enceinte, ont été arrêtés. D’eux, plus aucune nouvelle jusqu’à ce que, après la chute de la dictature, elle apprenne l’existence de l’enfant née en prison, âgée maintenant de dix-huit ans. À Buenos-Aires, Violetta, inquiète, prépare le même anniversaire. Désirant un enfant, elle a volontairement fermé les yeux sur le rôle de son mari, militaire, qui le lui a procuré. Ces êtres disparus que leurs proches attendaient indéfiniment, ces enfants illégalement « adoptés » par les tenants du pouvoir, quelle tragédie ! Par petites touches et avec beaucoup de sensibilité, l’auteure de Solitude de l’aube (NB octobre 2006) dépeint le désespoir mais aussi l’espérance d’une Ernestina tonique qui ne renonce jamais, et l’angoisse d’une Violetta qui repousse la vérité et sent monter le drame. Un roman pudique et bien écrit sur les années noires de l’Argentine.
La Perrita
CONDOU Isabelle