Dans les cinq mètres carrés de sa cellule, elle rumine ses souvenirs, son ennui, sa haine. Les flash-back se succèdent : la cité du nord de Paris, des parents-épaves, le décrochage scolaire malgré le goût de la lecture. Depuis toujours, elle entend : « Tu es belle » ; ce sera son arme. Elle rencontre Esba, un « beau gosse cool », et découvre la drogue. Il faut de l’argent pour s’offrir « le paradis » et les virées alcoolisées sur les Champs ! Le duo devient un gang avec Woillen et Éric cooptés pour leur détermination. Ils vont faire payer les bourges. Ils repèrent leur cible. Elle sera l’appât. Astrid Manfredi s’est inspirée pour son premier roman d’un affaire très médiatisée, celle du gang des barbares, condamné en 2006 pour le meurtre d’Ilan Halimi. Prêtant sa plume à « la petite barbare », adoptant son ton déjanté, son vocabulaire plus que cru, elle évoque avec réalisme, mais aussi avec sensibilité, la jeunesse, l’incarcération et surtout la dérive de cette fille intelligente mais dépourvue de tout repère ou ancrage et de toute morale. C’est terrifiant. Mais quel talent d’écriture : le style est rageur, plein de tournures et de trouvailles originales. On a vraiment le sentiment qu’elle est entrée dans la peau de son personnage. (A.-C.C.-M. et M.-N.P.)
La petite barbare
MANFREDI Astrid