La petite conformiste

À Marseille, Esther vit auprès de parents si anticonformistes qu’elle adopte souvent le contre-pied de leurs opinions ou de leurs comportements. Elle observe avec acuité le mode de vie de ses grands-parents paternels, Isaac et Fortunée, pieds-noirs juifs rapatriés d’Algérie. Son passage de l’école publique à l’école privée, l’accueil d’une amie pour une soirée ou la soudaineté des disputes conjugales, voilà autant d’occasions de transmettre son point de vue d’enfant.  L’auteure, journaliste, déroule en de courtes saynètes des pans de la vie quotidienne de la fillette, de la naissance de son frère jusqu’à ses treize ans. Le ton est juste ; les portraits incisifs et sans complaisance génèrent des réparties truculentes. Les situations cocasses soulignent avec beaucoup d’à-propos les contradictions du monde des adultes. La sévérité du regard n’exclut pas des moments de douce complicité avec la mère. La narration fluide, fort imagée, révèle progressivement des fêlures du milieu familial qui conduisent à une chute abrupte et dramatique. Quelques maladresses et outrances n’entament pas l’impression de légèreté fantasque et souriante que laisse ce premier roman. (J.D. et B.T.)