Mars 1951. Pauline Dubuisson abat de trois coups de revolver son ex-amant. Lors de son procès son apparente insensibilité et la révélation de sa conduite sous l’Occupation – elle a été à seize ans la maîtresse d’un officier allemand – lui attirent la vindicte générale. Condamnée à perpétuité, elle est libérée en 1959 pour bonne conduite et tente de refaire sa vie au Maroc. Mais elle est rattrapée par son passé… L’enquête minutieuse menée par Philippe Jaenada (Sulak, NB novembre 2013) sur tous les acteurs et les causes de ce fait divers, qui fit grand bruit, dévoile avec quel acharnement la justice et la presse, n’hésitant pas à distordre les faits et les témoignages, s’employèrent à faire de la jeune fille un monstre. Le portrait qui se dessine au fil des pages, plus nuancé, révèle une personnalité à multiples facettes, ni ange ni démon, émancipée, peu démonstrative, marquée par une jeunesse entre une mère inexistante et un père manipulateur. La vivacité de l’écriture, la liberté de ton de l’auteur, ses digressions farfelues, son ironie mordante face à l’hypocrisie d’une société « bien-pensante » et d’une justice partiale font merveille dans ce récit passionnant qui traque avec obstination la vérité. (J.T. et M.-N.P.)
La petite femelle
JAENADA Philippe