La petite menteuse

ROBERT-DIARD Pascale

Alice est avocate. Lisa fait irruption dans son cabinet au soir d’une mauvaise journĂ©e oĂč elle a ratĂ© sa plaidoirie. La jeune fille lui demande de la dĂ©fendre lors du procĂšs qui l’attend : celui qui a Ă©tĂ© condamnĂ© pour l’avoir violĂ©e a fait appel


En toile de fond de ce roman, le quotidien d’une avocate et la peinture de premiĂšre main du fonctionnement de l’institution judiciaire : ses acteurs et leurs rivalitĂ©s, ses enjeux dont l’établissement de la vĂ©ritĂ©, sa dynamique Ă©motionnelle. Le rythme du rĂ©cit tient Ă  l’équilibre entretenu entre ces Ă©lĂ©ments jusqu’à un dĂ©nouement astucieusement ouvert. Sur cette trame narrative, la romanciĂšre choisit un thĂšme de rĂ©flexion que le titre et l’exergue laissent entendre, essentiel en ces lieux, la question de la vĂ©ritĂ©. Le roman y acquiert sa profondeur Ă  travers une peinture poignante du mal-ĂȘtre de l’adolescence et de ses dĂ©rives sexuelles meurtriĂšres depuis que les rĂ©seaux sociaux font la loi. La petite menteuse en est la « petite Â» victime, sans procĂšs, sans soutien. Ruse tragique de l’imagination affolĂ©e, elle invente alors un « coupable idĂ©al Â». Qui, de victime, la fait coupable
 d’un mensonge insupportable ! Quant Ă  ceux qui ont Ă©tabli la « vĂ©ritĂ© Â» de ce mensonge, pourquoi ont-ils voulu y croire ? Comment accepter de s’ĂȘtre trompĂ© et passer de l’erreur assumĂ©e Ă  la vĂ©ritĂ© ? La vĂ©ritĂ© et ses deux antonymes : le mensonge ou l’erreur ! L’intelligence de ce roman est d’amener le lecteur Ă  ces rĂ©flexions Ă  partir d’une intrigue vivante qui laisse entendre aussi les partis pris, les Ă©motions, arbitres de nos choix mieux que notre raison. (C.B et S.H)