Après Le maître des carrefours (NB juillet 2004), Madison Smartt Bell poursuit son roman fleuve : Saint-Domingue, 1801/1802. L’esclavage a été aboli et Toussaint Louverture, nommé lieutenant-gouverneur, a rétabli l’ordre et envoyé à Bonaparte un projet de constitution. Hésitant entre coopérer avec Toussaint, véritable maître du pays, ou l’anéantir, le Premier Consul envoie une flotte de guerre commandée par son beau-frère Leclerc. Craignant le rétablissement de l’esclavage, les chefs noirs se regroupent derrière Toussaint ; il s’ensuit une terrible guerre d’embuscades, d’anciennes haines contre les Blancs et les Mulâtres resurgissent. Confusion, ambiguïté et atrocités règnent des deux côtés. L’arrestation de Toussaint plongera le pays dans le chaos.
Appuyé sur une documentation de qualité, l’ouvrage retrace un épisode clef, riche en rebondissements, de l’épopée du leader noir et sa fin tragique. La carte, le glossaire du créole haïtien, discrètement employé, et la chronologie ajoutent à la clarté de cette histoire véridique. Aucun manichéisme, des personnages, dont la plupart ont existé, symbolisent la diversité des conditions, expliquent les tensions et rendent vivant cet ample ouvrage, très bien écrit. Malgré des scènes de batailles un peu longues, on ne l’abandonne pas après l’avoir ouvert.