Nous sommes au Zimbabwe, sous le règne du « président élu démocratiquement à vie. » Les habitants blancs du pays ont fait depuis des générations un paradis de leurs domaines agricoles, dont la plantation de Thomas Cornu est l’emblème le plus symbolique. Seigneur sur ses terres, il règle la vie de ses employés noirs, il est également conseiller spécial du Président. Mais la conscience africaine s’aiguisant, ce dernier décide une réforme agraire redistribuant les terres aux Noirs. La violence arbitraire et la panique gagnent : certains Blancs choisissent le départ, d’autres, dont Blues, la fille de Thomas, cherchent une riposte politique, d’autres subissent.
Calixthe Beyala décrit sans parti pris ces deux communautés dans leurs complexités et rivalités. Son langage coloré, peut-être moins savoureux que dans Les arbres en parlent encore (NB janvier 2002), participe du plaisir de la lecture. Mais c’est principalement l’ambivalence des situations, la psychologie de chaque camp, dans ses nuances, et toujours la même interrogation sur la solution par le métissage, qui font l’intérêt de ce roman.