La poète aux mains noires

GLOWACKI Ingrid

1874, au village de La Borne en Berry, Marie Talbot écrit pour « dresser l’inventaire de sa vie ». Née d’une mère domestique d’un maître potier, elle était « la bâtarde ». Sauvageonne, privée de l’affection de sa mère, elle observe la vie de l’atelier, copie les gestes et dès sept ans sent naître une passion pour la terre et la sculpture.

Pour son premier roman, l’auteure a choisi de mettre en lumière la vie d’une céramiste méconnue, Marie Talbot née en 1814. À l’époque, les femmes étaient admises uniquement comme « anseuses » pour poser les anses des tasses ou des pots. La vie de l’atelier est finement décrite dans ce village éminent qui tire sa réputation de la qualité de sa veine d’argile et du savoir-faire développé par des générations d’artisans. Associée à ce parcours technique, la lutte volontaire et obstinée d’une fille pour gagner sa place dans la profession, définir une voie plus artistique en créant ses « femmes-fontaines » est touchante. L’évocation des difficultés du couple souligne la sujétion de la femme dans le Code civil au XIXe siècle. L’amitié avec George Sand, nouée entre la fille du peuple et la baronne de Nohant, bien qu’imaginée, ancre la narration dans l’époque. L’impossible relation mère-fils émeut. Ce récit concis et bien construit révèle une personnalité d’une authenticité forte. À découvrir absolument. (J.D. et A.Be.)