En 1860, dans un village du royaume ashanti (Ghana), le jeune Kofi entretient un rapport particulier avec la rivière qui le berce depuis sa naissance. Nageur hors pair, il est pourtant continuellement humilié par son cousin. Il y a également cet apprentissage de l’anglais imposé par les colons et auquel il résiste avant de découvrir Shakespeare dont le monde l’attire. Ce quotidien et la vie de ses proches basculent à jamais lors d’une tragédie accidentelle ravivant des colères anciennes…
Kwame Alexander (Frères, 2017) propose une lecture ambitieuse mêlant folklore ashanti, mysticisme, histoire coloniale et esclavagisme. La porte du non retour fait ainsi référence au bâtiment dans lequel les peuples esclavisés étaient retenus avant la traversée vers les États-Unis. L’écriture en vers libre évolue en un chant vivant, celui de Kofi dont la destinée est reliée au sang et à l’eau. La composition fragmentaire fonctionne à la manière d’épisodes qui se relient et se défont à l’aune de la complexité et des complicités de l’intérieur pendant l’esclavage au XIXe siècle. Un premier tome captivant inaugure une trilogie prometteuse. (P.E et C.B)