CitĂ© Marcel Cerdan. Dora El Haj, cloĂźtrĂ©e dans son appartement, « laisse le monde Ă distance » depuis le cauchemar vĂ©cu la veille du brevet. Son « look de pute », arborĂ© au collĂšge, dĂ©range mais elle ne cĂšdera pas. Charlie est jardinier malgrĂ© le mĂ©pris de son pĂšre, chĂŽmeur violent et alcoolique, pour ce « mĂ©tier de tapette ». Lui « câest Ă lâintĂ©rieur » quâil Ă©touffe. Entre leurs immeubles se dresse un mur percĂ© dâun trou, il y jette des canettes de sa fenĂȘtre ; Dora, offusquĂ©e, l’aperçoit, dĂ©cide de sortir et les lui renvoie. Le petit jeu continue, soir aprĂšs soir, ils sâapprivoisent.
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Quelques photos dont Ă©mane une effroyable tristesse sont le point de dĂ©part dâun regard croisĂ©, empreint dâune grande sensibilitĂ©, de deux adolescents qui veulent rester libres, maĂźtres de leurs choix malgrĂ© lâopprobre ou la vindicte. Ă travers le mur bĂ©ant, par le truchement dâun va-et-vient de canettes, et de celui dâun chat de gouttiĂšre qui quĂ©mande les caresses, une Ă©mouvante relation se noue jour aprĂšs jour, faite dâĂ©coute, de comprĂ©hension mutuelle, de pudeur, de respect entre celle qui ose dire « je refuse » et celui qui affirme « je veux ».