Tueur à gages depuis dix ans, Martin Terrier décide de lâcher le métier. Son plan : se retirer dans la ville où il a été élevé, s’installer avec celle à qui il a fait promettre de l’attendre – le temps qu’il fasse fortune. Mais le fric qu’il a placé est dilapidé, la femme s’est mariée, la famille d’une de ses anciennes victimes tente de lui faire payer son crime. Il reprend du service. Sa mission : abattre au fusil à lunettes une personnalité étrangère en voiture, quelques minutes après sa sortie du palais de l’Élysée. Un contrat piégé, devine-t-il.
Tout le récit porte à croire que l’exécuteur, dont la situation court au désastre, va parvenir à la redresser. Las, il tombera aussi bas que son père qu’il a haï toute sa vie. L’écriture est sèche : le commentaire off et les dialogues sont factuels. Pas d’émotion. Un monde froid, médiocre, peuplé de brutes vulgaires et de femmes laides que traduit remarquablement le dessin noir et blanc de Tardi. Le trait est toujours aussi précis pour restituer les décors et automobiles des années 70 et animer des trognes d’êtres tous aussi antipathiques les uns que les autres. Une adaptation fort réussie d’un roman fort noir, le dernier écrit par Patrick Manchette.