Abel, professeur fasciné par Kafka est un père absent, un homme infidèle et menteur. Il a révélé à sa fille que l’écrivain écrivit des lettres pour consoler une fillette berlinoise de la perte de sa poupée. Julie part à Berlin, sur la trace des missives, rencontre Else, vieille dame acariâtre qui a survécu à la persécution nazie. Dans son chalet face au Mont-Blanc, Else cohabite bizarrement avec Julie et son père, mais faute de s’entendre, les trois protagonistes vont-ils enfin faire face à la réalité ? Écrivain prolifique, Fabrice Colin s’exprime avec talent dans différents genres (Ta mort sera la mienne, NB mai 2013). Fondé sur une anecdote littéraire, le roman dévoile les difficultés des êtres à communiquer, insiste sur les rapports, tendres et maladroits entre un père et sa fille. Les personnages voyagent à Prague, Paris, Berlin, font des allers et retours entre 1923 et l’époque contemporaine. Les cruels événements de la Shoah se greffent sur les différends personnels, dans un climat de mensonges et de secrets. Les nombreux flashbacks, un rythme lent, la fin abrupte peuvent dérouter mais, on peut aussi être touché par l’univers foisonnant de ce roman gigogne sur lequel plane l’ombre de Kafka. (S.La. et M.Bo.)
La poupée de Kafka
COLIN Fabrice