La montée du troupeau à l’alpage, c’est la poya. Pour Lise, c’est une première ; pour le gamin de dix ans qui accompagne les bêtes, c’est le baptême du berger. La route est longue jusqu’au chalet mais les trois mois passent vite là-haut et vient le temps de redescendre. Il fallait un leporello pour déployer en accordéon ce lent voyage emblématique : on y suit le troupeau, clarines au cou, rangé en ordre de marche sur trois lignes horizontales, chaque bête très vite repérable à ses taches et à sa démarche ; on y écoute les commentaires succincts des hommes et de l’enfant. Leçon de vie, loin des babillages inutiles : les gestes obéissent aux impératifs de la nature. À cette école, l’enfant grandit. Le lendemain- la prochaine poya- s’impose à l’esprit, rassurant. Papiers aquarellés et découpés donnent aux personnages l’allure naïve de figurines, disposées sur le fond minimaliste du décor montagnard dont la couleur varie au rythme de l’été qui passe. Sur cette trame décorative, chaque lecteur peut inventer une histoire à sa guise pour peu qu’il soit attentif aux détails silencieux de ce récit bucolique. (C.B.)
La poya
DREYER Fanny