La première pierre

JOURDE Pierre

Pierre Jourde revient en juillet 2005 avec femme et enfants dans son village familial du Cantal. Croyant avoir convaincu les habitants, ses voisins, de son admiration et de sa bonne foi dans Pays perdu qui les mettait en scène, il s’apprête à emménager lorsqu’il est violemment agressé et injurié. Après un quasi-lynchage et la lapidation de son véhicule, sa colère, sa déception, et le fait que deux des siens ont été atteints par cette violence, aboutissent à un procès. Aujourd’hui, seuls des souvenirs de repas festifs ou d’estive lui restent de cette terre aimée. Ceux qui le soutiennent paient cher cette fidélité. Talent protéiforme, Pierre Jourde (Le Maréchal absolu, NB février 2013) revient sur un malentendu qui l’obsède. Le récit restitue ses sentiments, les réactions simplistes des journalistes, le procès qui rétablit à peine les responsabilités respectives. Les contradictions abondent : si l’auteur trouve infâme d’attaquer ses enfants, il comprend malgré tout les motivations des villageois aux secrets multiples. Il reprend sa description nostalgique du passé et son plaidoyer exaltant la beauté de la vie rurale. Pourtant la cassure semble définitive… Avec sensibilité et élégance, ce cri de souffrance et d’amitié est, malgré quelques redites, un émouvant retour sur soi.