La prise du diable

WOLFF Lina

Elle est arrivée à Florence, dans les saveurs enivrantes de l’été, elle, une jeune scandinave. Elle a rencontré un homme dont « elle aime tout bien qu’il soit terriblement laid ». Commence une vie à deux…

Les trente premières pages de ce roman, magistralement construit, mettent en place, jour après jour, la règle de cette vie où chacun cherche ses marques dans une relation exclusive, le rôle de l’un défini par l’autre. Elle, mue par le désir ardent qu’elle a de cet homme, lui, par la peur maladive de la voir lui échapper. La vie à deux, à cette aune, est vite une brûlure, où chacun est aux aguets, guidé par son « démon ». Récit d’une passion fatale ? Non. Au fil des pages, par petites touches, l’autrice fait émerger la matière de sa réflexion : l’emprise, « la prise du diable ». Sans voyeurisme, sans jugement. Loin du cliché auquel on souscrit spontanément, elle dessine les contours d’une situation plus complexe que celle du binôme prédateur-victime, celle où la jouissance même peut jaillir de la brutalité. L’intolérable désir maladif de possession brûle l’un et l’autre pervers,  enchaînés l’un à l’autre, à jamais. Le dénouement est superbement tragique… La finesse de l’analyse, chez une jeune romancière, la précision et la beauté de la langue séduisent dans ce conte cruel. (C.B et C.H)      Parution le 5/01/2024