La procession infinie

2015. Diego, écrivain péruvien réfugié à Paris, veut comprendre pourquoi son ami Francisco s’est suicidé deux ans plus tôt à Berlin. Dix ans auparavant, tous deux avaient fui leur pays dévasté par la violence. Est-ce le traumatisme causé par un mystérieux événement à Berlin en 2008 ? Est-ce son aventure avec la belle Cayetana que Diego traque à Paris où elle se trouve elle aussi ?  Récit à plusieurs voix dans lequel le temps est pulvérisé, bouleversé par les vies qu’il évoque. L’auteur fragmente la narration et la chronologie, passant d’un monologue à un dialogue, d’un personnage à un autre, incluant d’autres interlocuteurs, entre 2000 et 2015 via Lima, Berlin et Paris. Les personnages disent, sous de multiples formes, les difficultés de la jeunesse dans un pays encore meurtri par les horreurs d’une dictature à peine achevée. Cocaïne, alcool et sexe sont les compagnons ordinaires de leur mal-être. L’amour, l’amitié comme l’écriture sont entravés par ce passé douloureux. Lecture exigeante qui nécessite une attention et une connaissance des auteurs sud-américains et de la politique sous la dictature de Fujimori. Si reconstituer le puzzle que constitue ce roman est parfois déstabilisant, il pose la question de la culpabilité et de l’engagement. (C.P. et L.C.)