Dans la froidure matinale, Frère Edik découvre, lovée entre les pattes d’Answelica la chèvre, une enfant brûlante de fièvre. Elle s’appelle Beatryce, n’a aucun souvenir si ce n’est l’image confuse de la chute de l’hippocampe. Elle sait lire et écrire, chose interdite aux femmes. Frère Edik fait le lien avec la prophétie des Chroniques du chagrin, comprend qu’elle est en danger, la dissimule, crâne rasé, sous la robe de bure d’un moinillon. Les soldats du roi la recherchent, elle doit quitter le monastère et c’est avec ses deux gardes du corps, Answelica la chèvre et Jack Dory le fils de personne, qu’elle fuit dans la forêt.
Dans un décor médiéval, un conte où les enfants-héros, face aux manipulations d’un conseiller cupide, seront récompensés de leur volonté et de leur courage. Ils sont aidés et soutenus dans leur parcours par un moine à « l’œil qui tournicote », un ermite-roi Cannoc, la chèvre cabocharde, et l’abeille, poétique âme de grand-mère soupir ; des détails souriants et légers qui apportent naturel et spontanéité au récit. On notera, outre la discrète touche féministe, l’importance de l’apprentissage du savoir, de la lecture. Le texte est rédigé d’une belle écriture fluide, dans une typographie aérée, présenté en « livres » intercalés de grandes illustrations en parfaite harmonie. Un roman-conte passionnant et émouvant à lire dès 8-9 ans. (A.T. et A.D.)