Désireux d’installer leurs comptoirs en Afrique Australe, les Hollandais se heurtent à la résistance des royaumes locaux dont celui du Congo. Ginga (1582- 1663), fille et soeur de roi, y règne avec le titre de Roi, entretenant esclaves et harem d’hommes. Brillante guerrière, habile diplomate, elle est conseillée par Francisco José, prêtre brésilien, plus tard défroqué et marié. Cette fiction historique entremêle réalité – luttes entre Hollandais, Portugais, Africains pour la conquête compliquée de territoires – et la vie personnelle de la souveraine et de son conseiller : le narrateur. Venus d’horizons très variés, une infinité de personnages aux destins incertains gravitent autour d’eux : leurs histoires enrichissent ou obscurcissent les parcours des deux héros, les cartes sont brouillées, le lecteur s’égare dans ces paysages humains et géographiques. Cependant l’auteur de Théorie générale de l’oubli (NB avril 2014) évoque avec acuité les problèmes de l’esclavage et de l’indépendance des États. Savant, reflet de l’imaginaire africain, ce roman picaresque au langage effervescent et imagé – un glossaire éclaire les termes intraduisibles – glorifie une reine, figure emblématique de l’Angola et souligne la participation active et souvent ignorée des Africains à leur histoire. (A.C. et A.Be.)
la reine Ginga et comment les Africains ont inventé le monde
AGUALUSA José Eduardo