La République, la pantoufle et les petits lapins

GLUCKSMANN André

La France s’enferme dans un débat droite-gauche anachronique alors que le monde change: modernisation de pays émergents, bulle spéculative et crise économique, mondialisation tous azimuts, quête d’émancipation de peuples opprimés… La chute du Mur et la fin de la guerre froide n’ont pas signifié la disparition des conflits. Depuis la Shoah, d’autres génocides ont été perpétrés impunément. Faute de courage ou par intérêt commercial, l’Europe démocratique laisse la Russie corrompue de Poutine massacrer les Tchétchènes, annexer une partie de la Géorgie, et veut ignorer la répression intérieure en Chine. Pour conjurer le fanatisme et le nihilisme post-modernes, pensons sans oeillères.

 

Cet ouvrage d’un philosophe revenu du marxisme, « athée en politique », est dans la ligne des précédents (Une rage d’enfant, NB juillet 2006). Pourfendeur de tous les totalitarismes, défenseur des Droits de l’homme, Glucksmann condamne aussi l’insouciance et l’indifférence mortifères des Occidentaux. Une première partie, succincte, stigmatise la « pantoufle », mal français. Une seconde rassemble des articles déjà parus dans la presse, classés par thèmes et non chronologiquement, ce qui induit des répétitions. Mais l’érudition de l’auteur et sa vision indépendante, lucide et critique de l’histoire récente à la lumière du passé, font de ce recueil une lecture roborative.