La Revanche de Kevin

GRAN Iegor

Kevin travaille comme publicitaire dans une radio publique au milieu d’intellectuels suffisants. Son prénom populaire, symbole de « beaufitude », le prive depuis l’enfance de toute reconnaissance. Envoyé dans les salons et foires du Livre, il décide un jour de ridiculiser ces écrivains frustrés et crédules en se faisant passer pour un éditeur. Baratineur convaincant et flatteur chevronné, il les fait rêver avant de disparaître. Mais un dernier coup de bluff va se révéler plus lourd de conséquences que les autres. L’auteur de L’écologie en bas de chez moi (NB avril 2011) continue de tirer à boulets rouges sur les snobismes de notre époque. On comprend l’envie de vengeance de ce jeune homme humilié, victime de la condescendance du milieu littéraire, qui oblige les auteurs à un parcours factice du combattant. Sont dénoncés ici la prétention culturelle, la vacuité d’un certain esthétisme et le culte d’un entre-soi paradoxal chez des gens qui se disent « de gauche ». Le vocabulaire ampoulé du monde de l’édition alterne avec celui, familier, de la belle-mère poule. Partie d’une bonne idée et rehaussée par son dénouement, cette satire un peu convenue est trop surlignée pour amuser vraiment. (B.T. et A.Le.)