En 1992, à Naumburg, petite ville de l’ex-Allemagne de l’Est, vit Jakob Kemper, titulaire de l’orgue de Saint-Wenceslas sur lequel aurait joué Jean-Sébastien Bach qu’il révère. Jakob a partout et toujours échoué. Après s’être imaginé grand compositeur, chef d’orchestre réputé ou organiste respecté, il se dit musicologue, mène une vie étriquée et boit. Un jour, il découvre dans le buffet de l’orgue une partition qu’il attribue au grand maître lui-même. Le contenu en est troublant et le parcours du nouveau dépositaire devient complètement incohérent.
Les amateurs de musique classique se réjouiront de ce roman où la description jubilatoire de merveilleux passages musicaux d’oeuvres de Bach alterne avec la morne histoire de ce héros falot et imprévisible, hanté par de vagues interrogations sur le passé, l’avenir, et quantité de tristes fantasmes. Un récit parfois déroutant, comme Frère Sommeil (NB mai 1994), mais dont le rythme soutenu et les multiples rebondissements emportent allègrement le lecteur vers la surprenante “Révélation” : le grand cantor de Leipzig aurait-il composé un ultime oratorio méconnu sur l’Apocalypse ?