La rose de Saragosse

JERUSALMY Raphaël

L’inquisiteur de Saragosse est assassinĂ©. Qu’importe, Torquemada le remplace, activant supplices et bĂ»chers. Deux Ă©minentes familles de Juifs convertis tremblent. Elles dĂ©cident d’un exode vers Istanbul, lorsqu’un insolent portrait de Torquemada s’affiche sur les murs. Qui a crĂ©Ă© l’original? La ravissante fille d’une des deux familles, fort douĂ©e pour la gravure? Ou un sbire de l’inquisiteur, personnage douteux, dessinant Ă  merveille? Les persĂ©cutions redoublent. Un molosse vigilant, un cheval blanc, une rose Ă©pineuse interviennent aussi, cocasses, intrigants ou poĂ©tiques.  Avec ses dĂ©tails vĂ©ridiques ou inventĂ©s (Torquemada avait-il vraiment une verrue au visage ?), l’arriĂšre-plan historique (1485) est solidement construit : les ruelles de Saragosse et leurs Ă©choppes, la rumeur de la foule, l’odeur des bĂ»chers, les palais, leurs bibliothĂšques et leurs jardins l’animent et le colorent. Les personnages, un peu trop typĂ©s peut-ĂȘtre, sont romanesques Ă  souhait. Le dessin, la gravure et ses techniques participent Ă  l’intrigue, recrĂ©ant le rĂ©el par tracĂ©s et pleins, rĂ©vĂ©lant le cachĂ© dans les vides et les blancs. Ce parti pris original de RaphaĂ«l Jerusalmy (Évacuation, NB juin 2017), les thĂšmes importants de l’Inquisition et de l’exode juif ajoutent de la profondeur au charme de ce court roman.  (M.W. et L.G.)