La Route de nuit

HUNT Laird

Indiana, 1930. Comme Ottie Lee et ses amis, tous les « soies de maïs » (les Noirs) prennent la route pour aller voir un lynchage à Marvel. Sur le trajet, alors que Ottie Lee se perd dans ses souvenirs, ils croisent la brave Sally qui préfère aller prier plutôt que grossir le flot des badauds ; puis ils confisquent la carriole d’une famille de « fleurs de maïs » (les Blancs). À son bord Calla, jeune métisse, fuit Marvel et sa fureur raciste. Elle aussi a pris La Route de nuit mais dans l’autre sens.  En partant d’un fait réel – le lynchage de deux jeunes garçons noirs en Indiana –, Laird Hunt (Neverhome, NB décembre 2015) écrit une tragédie dans une langue magnifique. Son style imagé, rude et poétique, traduit la chaleur et la noirceur de cette nuit, où les personnages incarnent la banalité du mal ou du bien. Ces routes qui se croisent et les rencontres qu’on y fait empruntent clairement au conte philosophique. Avec lyrisme, l’auteur montre les ravages de la bêtise, de la pauvreté, du manque d’éducation. Dans la lignée de William Faulkner ou du film Dans la chaleur de la nuit, ces pages superbes nous emmènent sur La Route de nuit. (B.Bo. et L.D.)