La route d’Ithaque.

LISCANO Carlos

Vladimir vient d’un pays dans lequel il ne peut retourner : en Uruguay, la police le recherche pour trafic de drogue. Après la Suède et ses tentatives de vie commune avec Ingrid, l’Espagne lui avait offert les mêmes déprimes : petits boulots au noir, exploitation, survie, dans un monde où chacun fait sa guerre et trimballe son passé comme il peut. Ici ou ailleurs, on voyage toujours avec soi même. Passé du statut d’immigrant à celui de clochard, il avait fait de la Plaza Real sa tanière, un néant, environné de misère, enfermé dans sa langue, dans sa résignation. Là, il retourne à Stockholm, espérant oublier la voix qui le jette constamment sur les routes. D’un monologue à l’humour distancié, Carlos Liscano tire un témoignage, pour que le malheur des autres ne nous oublie pas… L’écriture sans dialogues prête les personnages à la seule voix de Vladimir, qui ponctue de son nom les phrases qu’il leur emprunte. Nonobstant le style linéaire, la force est au-delà du propos et le lecteur s’implique peu à peu dans l’histoire de cet homme seul. Il y a beaucoup d’humanité derrière ce bilan négatif.