La route étroite vers le nord lointain

Issu d’une famille pauvre de Tasmanie, Dorrigo devient chirurgien quand éclate la seconde guerre mondiale. Fiancé à Ella, fille de bonne famille australienne, il s’éprend de la belle Amy. Parti au front, il se retrouve prisonnier avec mille autres soldats après les revers alliés à Java et Singapour. Les Japonais les affectent en pleine jungle à la construction d’une voie ferrée reliant le Siam à la Birmanie. Dorrigo doit les encadrer. Les conditions de travail terrifiantes – famine, maladies, sévices – provoquent la mort de centaines d’hommes malgré les efforts du médecin, héros malgré lui, pour les sauver… Richard Flanagan (Désirer, NB octobre 2010) entremêle magistralement trois époques. D’abord, celle de l’insouciance, pourtant déjà teintée d’insatisfaction, puis l’enfer où tentent de survivre les captifs et enfin le retour à la vie civile des survivants, prisonniers d’eux-mêmes et qui tentent de trouver un sens à leur existence. Certaines scènes restent inoubliables. Le livre pose la question du bien et du mal, de la vérité, de la justice. Les chapitres, courts, certains fulgurants, portés par une écriture inventive et envoûtante, bousculent l’ordre chronologique et entraînent le lecteur à la suite des protagonistes. L’analyse psychologique est particulièrement perspicace et subtile. Remarquable. (L.G. et J.C.-N.)