Le pĂšre est parti vivre ailleurs : la mĂšre a dâabord fait front, mais la dĂ©pression lâa gagnĂ©e et Ă prĂ©sent la submerge ; leurs trois filles ĂągĂ©es de seize Ă dix-neuf ans assistent impuissantes Ă lâirrĂ©pressible dĂ©gradation dâune femme Ă laquelle elles restent viscĂ©ralement attachĂ©es. Dans lâappartement, la saletĂ© sâaccumule et un dĂ©sordre indescriptible rĂšgne.. Les trois soeurs vont, viennent, fument, boivent et discutent Ă longueur de journĂ©e sur la façon de sauver leur mĂšre. Les alliances entre elles se font et se dĂ©font, les portes claquent, tandis que la solution la plus improbable se fait jour. Câest par le biais dâune Ă©criture trĂšs particuliĂšre que lâon pĂ©nĂštre dans ce huis clos fĂ©minin aussi gracieux et animĂ© que mortellement dangereux. Une avalanche de mots, de bribes de phrases lancĂ©es, sitĂŽt interrompues ou reprises, entre la mĂšre et ses filles, entre les filles elles-mĂȘmes, surgit dĂšs les premiĂšres lignes. Elle roule, sâenfle et progresse telle une lame de fond prĂ©cipitant la triade juvĂ©nile, bavarde et gĂ©nĂ©reuse, au coeur du chaos maternel, dans le cadre faussement protecteur de lâappartement familial. Ce ton nouveau peut dĂ©concerter. Il est pourtant rĂ©vĂ©lateur dâun rĂ©el talent chez un tout jeune auteur.
La ruche
LOUSTALOT Arthur