La Sainte et la Gitane

Entre 1977 et 1983, Titi, un adolescent, passe son existence entre l’austère lycée où il est interne et les domiciles de ses deux grand-mères. Dans le taudis du « 82 », avec la grand-mère paternelle, vit Tata Symphorose, une sorte de mystique exsangue, visitée par des fidèles en raison des stigmates qu’elle porte. Mais c’est Mamie Odette, d’origine gitane, par ailleurs guérisseuse, que le gamin adore. Il subtilise des carnets révélant les secrets familiaux, notamment ceux de ces deux parentes hors normes.  Ce qui domine le nouveau roman de Jean-Emmanuel Ducoin (Bernard, François, Paul et les autres, NB octobre 2015), c’est la religion. L’auteur dresse un portrait original de deux femmes que tout semble opposer qui ont, l’une et l’autre, par l’amour, la religion, l’écriture, tenté d’échapper aux malheurs de la vie. On peut ne pas adhérer aux séances de lévitation de Tata – personnage réel – mais on ne peut échapper à l’immense amour que se portent Titi et Mamie. Dans les chapitres qui alternent entre les femmes, se glissent des informations sur cette étonnante famille – le tonton braqueur, le papa coco… – qui n’ajoutent guère à la lecture. Ce roman singulier, imprégné de religiosité naïve, présente des longueurs, mais la Gitane est vraiment attachante. (C.M. et M.Bo.)