Sous la plume admirative d’Elisabetta Rasy surgissent les portraits du merveilleux poète russe Ossip Mandelstam et de sa femme Nadejda. Ossip et Nadejda se rencontrèrent dans les temps encore insouciants de 1919 à Kiev, et ce fut le coup de foudre. Elle était fascinée par la qualité de sa poésie, ils ne se quittèrent plus. Ce sont leurs vingt années de vie commune que la romancière évoque, années chahutées où Staline règne en maître et où la population russe essaie de survivre, années misérables où les écrivains doivent surveiller leurs écrits alors que règnent la délation, la peur. Mais Mandelstam est un esprit libre et dira ce qu’il pense. Il en mourra en 1938, déporté au goulag. Nadejda sera la dépositaire des vers de son mari qu’elle recopiera, cachera, apprendra par coeur, pour qu’ils puissent être transmis au monde. Elisabetta Rasy essaie de se couler dans la peau de ses personnages et décrit avec finesse leur histoire, leur passion pour la poésie, leur pauvreté et leur solitude. On retrouve ici son style évanescent, le même que dans Entre nous (NB décembre 2004).
La science des adieux
RASY Elisabetta