Trois frère et soeurs se retrouvent pour l’enterrement de leur mère à La secrète, ferme située dans les montagnes en Colombie. La vieille dame tenait encore seule le domaine de main de maître. La fille aînée, viscéralement attachée à la terre des ancêtres, est prête à prendre la relève. La deuxième au contraire pressent qu’elle vient pour la dernière fois. Femme libre, elle ne supporte plus les entraves après s’être sacrifiée pendant sa jeunesse. Quant au fils, violoniste new-yorkais homosexuel, il s’est tenu malgré lui loin des siens, tout en poursuivant ses recherches sur les origines de la propriété et la généalogie familiales. La fratrie prend la parole tour à tour pour dire le chagrin, les souvenirs, les doutes. Ce choeur de voix dessine peu à peu l’histoire des Colombiens juifs qui transformèrent des terres inhospitalières en plantations caféières, puis celle d’un pays ravagé par la corruption, ensanglanté par les luttes entre guérilleros, paramilitaires, narcotrafiquants, celle enfin d’une Colombie contemporaine plus ouverte sur le monde. Adroitement construite (L’oubli que nous serons, NB janvier 2011), cette saga est un hymne à la Colombie. Elle multiplie les centres d’intérêt et l’on pardonne les digressions qui altèrent parfois la puissance du souffle. (P.H. et B.Bo.)
La secrète
ABAD Héctor