Le 25 février 1980, une camionnette conduite par un chauffeur bulgare percute Roland Barthes. Il sort d’un déjeuner avec François Mitterrand. Il meurt le mois suivant. Il détenait La septième fonction du langage, document théorisé par son maître Roman Jakobson, qui reste introuvable. Le prestigieux sémiologue aurait-il été assassiné ? Bayard, commissaire inculte et réactionnaire, et Simon, jeune linguiste de gauche, enquêtent auprès de l’intelligentsia universitaire : à Paris, en Amérique, en Italie, ces sommités colloquent, concourent en des joutes oratoires et s’épuisent en mémorables orgies. Pastiche et réalité sont mariés avec panache dans une sorte de thriller sémiologique. Vivants ou morts, les grands intellectuels tombent de leur piédestal dans des mises en scène déjantées qui ressuscitent les cours de Foucault et d’Eco, les dissensions du couple Sollers-Kristeva, tandis que BHL papillonne. Mais, au-delà de cette longue blague, l’auteur de HHhH (NB avril 2010), prix Goncourt 2010 du premier roman, livre une réflexion solide sur le langage, fondement du pouvoir politique, comme sur les événements des années 1960-1980, et s’immisce en personne dans l’écriture narrative de ce roman brillant, humoristique et savant. (A.C. et C.Bl.)
La septième fonction du langage
BINET Laurent