L’Europe s’est relevée de l’après-guerre en construisant un univers d’espoir, de progrès, de paix et prospérité partagés. Fin du XXe, début XXIe siècle, l’enracinement du chômage de masse, le nouveau désordre mondial (conflits ethniques, rivalités nationales, montée menaçante du terrorisme) ont fait passer de l’optimisme au doute, puis à la peur. Déprimés, les Français ne désirent plus ; surprotégés, ils refusent de prendre le risque du changement ; paralysés par l’angoisse, incapables d’assumer la responsabilité de leur existence, ils se posent en victimes. La société française est gangrenée, submergée par des peurs multiples non surmontées.
Derrière cette radioscopie minutieuse, sans concession, Christophe Lambert, quarante ans, président de Publicis, décèle depuis quelques années l’émergence de nouvelles valeurs qui permettraient de sortir de l’impasse ; une éthique au coeur des pratiques, les notions d’effort, d’humanité, de tolérance, mais aussi d’exemplarité et d’autorité, font surface. Aussi ce constat, exprimé de façon remarquablement fluide, bien que très pessimiste, est-il d’une lecture revigorante.