Alain-Gérard Slama – essayiste et journaliste connu – s’inquiète de l’évolution de la société française depuis une vingtaine d’années : repli identitaire, éclatement et indifférence au politique, trois symptômes des temps de crise la caractérisent. Poursuivant des thèmes abordés dans La Régression démocratique (NB février 1996), il entend exposer les facteurs de cette dégradation avec « l’équité d’un républicain modéré ». Il explique les failles de la Constitution de la Ve République, qui ont permis au Président en exercice d’éliminer de fait le rôle de Premier ministre, caractérise et critique le style de gouvernance de celui qu’il baptise le Prince-PDG, s’insurge vivement contre la remise en cause de la laïcité, ainsi que contre l’absurdité de la notion d’identité nationale, et la mise en place d’une discrimination positive qui viole les principes d’égalité de la République. Nombre de ces évolutions sont pour lui extrêmement préjudiciables à la liberté, et il s’inquiète d’entendre peu ou pas de protestations. Il assoit sa réflexion sur une grande érudition, revenant aux sources de la Droite, se référant au Général de Gaulle, défendant l’esprit des Lumières. Il en résulte une analyse didactique qui soulève des points intéressants, d’un abord dense, très documenté, peut-être un peu répétitif. Que l’on y adhère ou pas, son ouvrage donne matière à penser.
La société d’indifférence
SLAMA Alain-Gérard