Une enseignante arrive dans un village de Franche-Comté pour y faire une étude sociologique. Elle y rencontre Lottie, fringante nonagénaire, inépuisable narratrice de l’histoire de ses habitants. Elle était la nounou d’une petite fille déposée un jour au « château » par un inconnu aussitôt disparu. Qui est ce bébé ? À partir de ce mystère se déroule un véritable feuilleton : quatre-vingts ans de la vie du pays. Les énigmes se succèdent et se mêlent (ce n’est pas par hasard) à celles de la famille de la visiteuse. C’est au Canada qu’elle en trouve La Source alors que les derniers témoins ont disparu. Après Programme sensible (NB avril 2013), Anne-Marie Garat renoue avec les grandes fresques, véritables peintures sociales. Le XXe siècle voit la campagne se transformer au fil des souvenirs et des témoignages. La mémoire de la conteuse est parfois incertaine, mais dans son parler savoureux elle soulève quelques voiles. Plusieurs récits s’entrecroisent, construisant une mémoire collective où chacun recherche ses origines. L’écriture, littéraire, toujours aussi lyrique, reste séduisante, mais la complexité des repères chronologiques, le flot des mots, la foule des personnages, les longues digressions émoussent l’intérêt de cet épais roman très bavard. (V.M. et D.A.)
La Source
GARAT Anne-Marie