Sur le trajet qui les ramĂšne tous les dimanches en ville, deux enfants assis Ă lâarriĂšre de la voiture rĂ©sistent Ă lâennui en observant le paysage. Depuis le village de leur grand-mĂšre jusquâĂ lâautoroute, le jeu quâils ont inventĂ© consiste Ă relever toutes les variations imprimĂ©es Ă la nature par le passage des saisons et Ă dĂ©busquer telle rĂ©cente clĂŽture, tels volets fraĂźchement repeints. Chaque Ă©tang, prĂ© ou forĂȘt, a son histoire. Laurence et son frĂšre ne perdent rien des lĂ©gendes et anecdotes racontĂ©es par les anciens, elles alimentent le vivier de leurs propres rĂ©cits avec lesquels ils Ă©lĂšvent Ă plaisir des murs protecteurs. Car lâenfance a ses peurs quâelle doit conjurer⊠Mais lâimagination de Laurence sâexacerbe au fil du temps, et derriĂšre lâapparente innocence du jeu court une angoisse persistante.
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Une construction Ă©clatĂ©e mĂȘlant souvenirs, rĂȘves et rĂ©alitĂ© traduit bien le monde imaginaire et onirique de lâenfance. MalgrĂ© quelques digressions et des envolĂ©es lyriques parfois confuses, Christophe Pradeau signe dans une Ă©criture subtile un intĂ©ressant premier roman.