La surface de l’eau

HEGARTY Neil

Patrick se meurt prématurément d’un cancer à l’hôpital jouxtant le lycée d’une petite ville de l’ouest de l’Irlande du Nord où il enseignait. Les souvenirs affluent. Sa jeunesse a été marquée par la froideur de sa mère, mais adoucie par l’affection de sa sœur aînée Margaret, la seule dont il supporte les visites aujourd’hui.

C’est le premier roman traduit en français de Neil Hegarty, spécialiste de l’histoire de son pays. Il y décortique les rapports d’une famille minée par de lourds secrets. Le récit, brodé sans chronologie à partir des réminiscences du malade, s’ordonne autour de rituels familiaux et d’événements concomitants angoissants qui révèlent finement les caractères : une mère renfermée et dépressive, un père effacé puis malade, un grand-père violent, une amie ingénue. Le fils renonce à ses rêves, la fille épouse un homme d’emblée antipathique à tous. En préambule, un fait divers tragique dont le lien avec l’histoire familiale ne se révèlera qu’à la fin, tout comme les non-dits douloureux de la mère. Le charme de ce roman mélancolique, au rythme lent, au thème fort et captivant, tient largement au cadre de la côte nord-ouest irlandaise, hantée par le passé, et magnifiquement dépeinte avec ses couleurs, ses odeurs, ses sons particuliers, et à l’écriture, habilement répétitive, qui soutient un tempo poétique entêtant. (L.G. et C.R.P.)