La Tache aveugle

LANDON Emmelene

Trois jeunes soeurs, complices, complémentaires, passionnées de peinture, étudient aux Beaux-Arts de Paris. Leur enseignement privilégie le langage de la « forme spontanée d’expression » aux dépens d’une peinture plus lisible, étiquetée, démodée. Elles délaissent leur maître, jugé imposteur, pour suivre Cozens, paysagiste précurseur de Turner et sa méthode qui utilise les taches pour galvaniser l’imaginaire. Dès lors, s’établit un jeu de cohabitation virtuelle avec ce “passeur”, et le passé s’incarne dans leur présent.

 

La peinture est la véritable héroïne du roman d’Emmelene Landon. Chaque soeur au fil de courts chapitres chuchote, en confidence, son rapport personnel avec la discipline, avec Cozens, avec son fils. L’analyse subtile, sensible, sensuelle, référencée, laisse deviner la pratique de l’auteur, elle-même peintre. Mais, l’intrusion inventive du XVIIIe siècle dans le XXe sent un peu l’artifice. Des digressions éparses éparpillent parfois un récit fouillé. Et, çà et là, un ennui discret, comme suranné, sourd de cette plume élégante.