Janvier 1942. Moins d’un mois après Pearl Harbour, les Japonais de Los Angeles sont massivement internés. Dans ce déchaînement de peur et de haine, des pluies torrentielles mettent à jour le cadavre d’un homme. De fil en aiguille, l’enquête fait ressurgir un spectaculaire casse de transport d’or vieux de dix ans. Fédéraux et policiers californiens s’y intéressent de près, chacun pour des raisons différentes. Entrer dans ce polar, deuxième volume d’un nouveau Quatuor de Los Angeles (Perfidia, NB septembre 2015), équivaut à être emporté par une vague-submersion. James Ellroy n’écrit pas, il éructe : des phrases courtes, sans suites, souvent sans verbe, émaillées de jurons, truffées d’argot, font plonger d’emblée dans un maelstrom nébuleux où complots, chantage et trahison en tous sens achèvent de désorienter. Qui est qui dans ce grouillement de personnages que désignent tantôt un surnom, tantôt un diminutif ou des initiales, rarement un nom, moins encore une fonction ? Leurs interventions varient selon qu’ils exercent leur mission officielle ou la détournent au gré de leurs alliances du moment – mais toujours à leur profit. Appât de l’or, trafic d’esclaves et de drogue, sexe, politique mènent le bal, sans autre clé pour comprendre qu’une provocation permanente magistralement orchestrée. Fascinant, mais interminable. (A.Lec. et F.L.)
La tempête qui vient
ELLROY James