Une histoire d’amour perdu et sans cesse renaissant, évanoui et incandescent, traverse plusieurs récits faits de voyages, de hasards et de réminiscences. En 1996, à Montevideo, une photo des années trente qui représente un homme tenant un revolver dans chaque main fascine l’écrivain. Cet homme est mort quelques minutes après. Suicide ? En 1999, loin de la ville natale de Lautréamont, Supervielle et Jules Laforgue, le « Transcaucase express » traverse, de Bakou à Tbilissi, les lieux que chantèrent Essenine et Maïakovski, Pouchkine et Lermontov, tous quatre morts par balle. Loin de l’Orient, sur écran, une main cherche une arme dans un tiroir ; c’est l’image d’un film d’Hitchcock qui devient obsédante.
Éblouissant tourbillon de lieux et de personnages, d’anecdotes et d’érudition que ce voyage sinueux dans le temps et l’espace où l’acier des armes à feu a des lueurs bien tentatrices ! Patrick Deville, grand voyageur, ouvert aux littératures étrangères, aime réunir les fils du hasard en une structure riche et complexe, il l’a prouvé dans Ces deux-là (NB décembre 2000) et Pura Vida : vie et mort de William Walker (NB mars 2004).