Sur les pas d’Antoine, nous entrons dans un monde fantasmagorique, accueillis ou happés par un monstre étrange, au long bec, oreilles de cocker et chaussé de quads. C’est parti pour un voyage vertigineux et mortifère au palais des horreurs. Chevauchant une énorme grenouille, Antoine croise au détour d’invraisemblables architectures d’autres bizarreries de la nature, entend des appels déchirants. Les siens, parents et amis, sont là, transformés en zombies. Va-t-il les suivre ou résister ? Dans quel univers Christine Beigel précipite-telle son Antoine ? Celui d’un jeu vidéo dans lequel il s’absorbe, séduit et terrifié au risque de s’y perdre. Un univers aux couleurs de Jérôme Bosch qui fournit aussi à l’illustratrice son étonnant bestiaire et sa scénographie : celle de La tentation de Saint-Antoine, détournée, modernisée pour l’occasion. Un parallèle audacieux pour stigmatiser le risque de dépendance à l’égard des jeux vidéo. L’occasion aussi de revisiter le triptyque du maître et de montrer ce que lui doit l’imaginaire fantastique d’aujourd’hui. Deux pages de commentaires en fin d’ouvrage et la reproduction du tableau apportent les explications nécessaires. (C.B.)
La tentation des ténèbres
BEIGEL Christine