Allemagne, 1945. Dans la zone occupĂ©e par ses compatriotes anglais, un photographe de guerre sillonne les routes au hasard. Il exĂ©cute une derniĂšre tournĂ©e de reportage avec son jeune chauffeur. Il veut conserver, cette fois-ci, les images des habitants au regard de ce quâils ont vĂ©cu et de ce quâils ont pu apprendre.  Le reporter a assistĂ© Ă la libĂ©ration dâun camp de prisonniers et rĂȘve chaque nuit des « morts qui poussaient avec leurs jambes grises » les bĂąches qui les recouvraient. Câest aujourdâhui le coeur lourd quâil entre dans les cours, oĂč parfois une silhouette sâavance. Ils Ă©changent des regards, elle disparaĂźt. De temps Ă autre il est acceptĂ© et prend des photos, sous les moqueries dâune population qui nâa rien perdu de sa fiertĂ©. Il se sent seul, mal Ă lâaise. Le jeune soldat, une toute nouvelle recrue, apporte un souffle dâinnocence, bienvenu dans cette noirceur. LâĂ©criture si particuliĂšre dâHubert Mingarelli (La route de Beit Zera, NB mai 2015) fait merveille dans ce roman oĂč lâĂ©motion affleure. Lâodeur du chĂšvrefeuille, le vacarme de la pluie, la lumiĂšre du soir sur la riviĂšre, autant de moments de bonheur sous une plume aussi poĂ©tique que prenante. (V.M. et M.S.-A.)
La terre invisible
MINGARELLI Hubert