Le narrateur nage. Endurant, il entreprend de traverser la France du Sud au Nord en empruntant les cours d’eau : fleuves (Garonne, Loire, Seine), rivières (Lot, Truyère, Allier… jusqu’à l’Aisne), canaux. Il escalade des barrages, franchit des écluses. Il mange et dort à la belle étoile ou dans des auberges. Il rencontre des pêcheurs et des péniches. Il écoute, respire les odeurs, observe les paysages, la végétation, l’architecture, les couleurs. Le danger rôde : rapides, tourbillons, accidents divers. Il croise de nombreux animaux et côtoie de près les poissons. Immergé dans la nature, très seul, il s’accroche à son sac. Ce premier roman est une performance littéraire. Aucune intrigue ne soutient le récit, découpé en courts chapitres, qui suit le nageur, ce qu’il ressent et ce qu’il voit, et se répète de jour en jour. Les descriptions sont minutieuses, le vocabulaire précis et recherché. Comment le héros a-t-il pu consigner tous ces détails : dans le sac, aucun carnet de notes, semble-t-il ! À l’exploit physique répond un effort extraordinaire d’écriture – et de lecture ! Ce dialogue original d’un homme avec un milieu géographique s’écoule si longuement qu’il peut lasser, mais, porté par une langue exacte et poétique, il stupéfie.
La Traversée de la France à la nage
PATROLIN Pierre