Sans détour, toute la misère des bidonvilles du Caire vous saute au visage. Dans un taudis, Hilal maudit sa mère et le gouvernement qui a coffré son père. Dans un autre, Badri violente sa femme sous les yeux de ses enfants. Plus loin, la belle Faraoula repousse les billets d’un flic adipeux. Quant à Hussein le faible, toujours défoncé et crevant de faim, il vit dans la crainte de se faire électrocuter l’anus par la police. Sammah, elle, doit lutter pour exercer son métier de journaliste. Peu d’espoir dans ce premier roman où la haine et la rage n’ont d’égales que la violence et la cruauté. Pour ces jeunes animés par la colère dès leur naissance, la drogue et la prostitution restent les seuls moyens d’échapper à un enfer où la morale et la légalité n’existent pas. Mohamed Al-Fakharany dépeint avec réalisme et crudité ces laissés-pour-compte et leur quotidien, usant du même langage ordurier et vulgaire qu’eux. Les rêveries des filles ne compensent pas le nombre excessif de termes égyptiens, de personnages et de références au sexe, qui donne, à la longue, la nausée. La fin plus politique mais tout aussi violente laisse peu de place à l’espérance.
La traversée du K.-O.
AL-FAKHARANY Mohamed