La tyrannie (Max Winson ; 1)

Max Winson est un joueur de tennis qui a atteint la perfection : n°1 mondial depuis 7 ans, 24 titres de grand chelem… Le pouvoir de fascination de son jeu est tel que la vie s’immobilise lors des matches. Tout le monde vit à travers lui : le salon de coiffure devient une salle de cinéma, les voyageurs, absorbés par les images de leurs tablettes, ne descendent pas du train…. Sous la férule de son père, un vieillard impitoyable, Max, garçon dégingandé au sourire timide, travaille sans repos, renvoie les balles que lui crache la grande gueule de sa « machine-monstre ». Seul le majordome lui témoigne un peu d’humanité. Tout se déglingue le jour où Max se rend, sans son père, à une interview télévisée. Il découvre alors la tyrannie du monde médiatique sous les traits de la jeune journaliste aux dents longues qui le culpabilise et l’humilie profondément devant des millions de téléspectateurs.

Max, prisonnier du système financier despotique construit autour de lui, commence à mûrir. Sa fragilité n’est pas faiblesse. La défaillance de son père comme entraîneur le pousse à choisir lui-même son nouveau coach. Ce dernier s’écarte des habituels poncifs – travail, compétition, victoire – et développe des théories ineptes sur le hasard et les impondérables. Une sorte de dingue ! Cette folie va-t-elle mener Max jusqu’à perdre pour protéger l’adversaire ? Les allers et retours dans la tête du héros vont de pair avec les coups de raquette voulus dans le filet ou au dessus. Le dessin en noir, blanc ou gris court à la vitesse de sa pensée et de son service. Une ligne blanche traverse la page, la découpe en petites cases triangulaires, ou quadrilatérales telle la balle de tennis servie, liftée, smashée. La stature de Max vainqueur occupe toute la hauteur de la page. La perfection sportive qu’il représente ne sert-t-elle pas de dérivatif aux vicissitudes de la vie ? Vivement le deuxième tome !