À Casablanca, Jmiaa gagne difficilement sa vie en se prostituant. Ce qui la distingue des autres, c’est sa gouaille, sa jugeote, sa force de caractère et sa personnalité hors du commun : elle ne se laisse impressionner par rien ni personne. Une cinéaste hollandaise, laide, immédiatement baptisée par elle « Bouche du cheval », la remarque. Sa vie bascule, elle va crever l’écran et faire un malheur tout en restant elle-même. Meryem Alaoui, pour son premier roman, prend un risque : l’histoire débute par une réalité atroce – le sort lamentable de prostituées marocaines – et se poursuit comme un conte que seul le cinéma peut réaliser. Avec empathie, elle laisse son héroïne se raconter et interpeller le lecteur avec ses mots à elle, pittoresques, très crus, sans pathos, sagaces et naïfs à la fois. Une langue argotique, mais très vivante, qui invite à partager sa vie sordide puis sa découverte d’un milieu qui la fascine, sans jamais abandonner son bon sens alors qu’elle est poussée vers les sommets. L’auteur signe une « success story » originale, fourmillant d’observations et de métaphores bienvenues, sans porter de jugement. Quelle force dans ce premier roman ! (J.M. et C.R.P.)
La vérité sort de la bouche du cheval
ALAOUI Meryem