Quand Gustavo Roderer arrive à Puente Viejo, petite station balnéaire, sa personnalité distante intrigue et bouscule le narrateur, toujours premier en classe et champion local d’échecs. Ces deux garçons très brillants s’affrontent, s’ignorent, se recherchent. La confrontation de leurs deux intelligences contrastées débouche sur une amitié paradoxale toute en fascination, en rivalité, en froideur. Le narrateur, pragmatique, extraverti, assimile facilement les connaissances mathématiques et philosophiques. Roderer, inspiré et très solitaire veut les réinventer. Il quitte le lycée et s’enferme chez lui. La tragédie se prépare…
Dans ce premier roman écrit en 1992, Guillermo Martínez (La mort lente de Luciana B., NB novembre 2009), docteur en mathématiques, s’interroge sur l’intelligence, ses variantes, ses composantes, ses dangers, ses limites. Il médite sur la porosité entre les disciplines, la créativité exaltante et la remise en question des concepts. Cette pensée large et mûrie, adossée à des références littéraires et scientifiques fouillées, réelles ou imaginaires, n’ennuie jamais tant elle est portée et allégée par les dialogues. Le dessin appuyé ou juste esquissé des personnages les rend inoubliables et attachants. Un livre court, intelligent, vivant, qui sait à la fois aiguiser la réflexion et retenir le coeur.