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Quelques dates et événements mettent en valeur l’époque plus que troublée où s’épanouit le talent d’une jeune femme « juive et russe, mais romancière française avant tout », Irène Némirovsky : sa naissance à Kiev en Ukraine en 1903 dans une famille de bourgeois juifs aisés ; la Révolution russe et la fuite en France en 1919 ; ses études de lettres à la Sorbonne et sa découverte du besoin d’écrire ; la montée de l’antisémitisme entre les deux guerres ; l’impossibilité d’obtenir la nationalité française, son arrestation en 1942, sa mort à Auschwitz peu après.
À partir d’archives inédites et de ses carnets de travail, Olivier Philipponnat et Patrick Lienhardt écrivent une biographie touffue (rappel historiques, vie littéraire…), mais attachante, faisant ressortir le don corrosif d’observation et l’énergie farouche de cette Russe victime de la lâcheté et de la barbarie. L’intérêt de l’ouvrage est aussi de proposer une analyse de ses oeuvres, de David Golder en 1929 à Suite française (Livre du Mois, N.B. déc. 2004), roman posthume – Prix Renaudot 2004 – ayant fait redécouvrir une auteure qui a lutté sans désemparer.