La vie dont tu rêvais

Eva avait vingt ans lorsqu’elle s’est suicidée. Elle rêvait d’aller à Hollywood et d’y devenir célèbre. Cinq ans plus tard, Pierre, son père, divorcé, qui a cherché en vain à oublier, décide de tout plaquer : ce qu’il n’a pas su partager avec sa fille de son vivant, il le vivra pour elle, avec elle. Pour réaliser ce projet fou, il achète un voilier, recrute des skippers et s’embarque pour Los Angeles. Il emporte avec lui les cendres d’Eva… L’auteur aborde ici la question du deuil et de l’inévitable retour sur soi. Alternant souvenirs, pensées et narration du périple en mer, il ausculte l’intimité blessée de ses personnages, leurs regrets, leur solitude, parvenant à créer des caractères touchants qui sonnent juste. L’humour et la poésie sont subtilement dosés et on retrouve, moins émouvante toutefois, cette sensibilité discrète déjà remarquée dans Je veux que tu m’aimes (NB avril 2010). L’écriture, parfois sans ponctuation, dit bien la rumination intérieure. Les dialogues, tout en retenue, permettent à chacun de se révéler. Dans un cadre dépaysant et au plus près de la réalité, ce roman témoigne de la sollicitude possible envers l’autre, source de bonheur.