Jean est un malfrat tourmenté, un peu idéaliste aussi, qui fait un casse avec trois copains au nom de la cause ouvrière. L’affaire se soldant par deux morts, les ouvriers refusent l’argent volé. Teigneux, Jean se met à son compte et trompe dans la violence son absence de virilité. C’est qu’il est amoureux depuis toujours de Gloria, une amie d’enfance, qui a épousé un bourgeois friqué.
« La trilogie noire » doit adapter trois romans de Léo Malet et ce premier tome, qui est donc indépendant des suivants, ne manque pas d’attrait. Le récitatif, réalisé en typographie et non en lettrage manuel, contribue visuellement à créer une ambiance de “polar noir”. Le dessin réaliste excelle à restituer le Paris populaire des années trente et curieusement “tâtonne” dans les premières pages pour reproduire fidèlement la trogne du héros, parfois large, parfois allongée. Le découpage est rythmé, soutenant l’attention, excessivement allusif toutefois dans le cas du meurtre du père de Gloria. Une bonne histoire complète au demeurant.