Ayant échoué dans une de ses dernières missions, une liquidation programmée, le narrateur vit très mal son internement en hôpital psychiatrique, seule alternative à la mort. Exécuteur de basses oeuvres, il raconte dans le désordre cette vie de « méduse » entre assassinats et amours de passage. Ses souvenirs reviennent : enfance douloureuse, obligation de duplicité, de simulation, manipulation par des supérieurs, solitude profonde. Proche de lui, son collègue et ami, Peter, qui autrefois souffrit plus encore, a disparu et Jean s’enfuira pour le retrouver. D’autres s’en mêleront, une ancienne collègue et les services israéliens. Dans ce métier ingrat et destructeur, on noie dans l’alcool désespoir ou indifférence.
L’introspection et l’analyse des états d’âme sont excellentes, le basculement du personnage, devenu fragile, vers la trahison est plausible. Les péripéties finales pas très crédibles et les retours en arrière ralentissent le récit. L’auteur, qui semble bien connaître la mélancolie, donne une vision pessimiste et pitoyable de ce monde de l’ombre dans le registre de À mon frère qui n’est pas mort (NB juillet 2003).